Moutarde : la couleur qui a fait les beaux jours des défilés se révèle souvent décevante dès que la température descend. Les nuances de vert, bien que très présentes dans l’imaginaire automnal, risquent d’accentuer les marques de fatigue au lieu de donner bonne mine. Quant à la mode des couleurs terre, elle heurte parfois de plein fouet les principes de la colorimétrie.Malgré la prolifération de recommandations d’experts, nombre d’erreurs persistent. Il n’existe pas de palette magique valable pour tous : chaque peau réagit différemment à la lumière de la saison. Entre tentations dans les vitrines et adaptation maladroite, les pièges sont nombreux quand il s’agit de choisir les bonnes couleurs à l’automne.
Pourquoi certaines couleurs ne flattent pas le teint en automne
La colorimétrie vestimentaire repose sur des bases solides, loin de l’improvisation. Chaque saison impose ses codes, ses rapports de force entre teintes, ses équilibres. L’automne, plus que nulle autre, magnifie les peaux dorées, les reflets cuivrés, les yeux ambrés ou verts. Pourtant, par réflexe, beaucoup se tournent vers les indétrônables blanc, noir, gris acier, croyant gagner en raffinement. En réalité, ces couleurs, vantées pour leur universalité, ternissent les teints aux nuances miel, beige, ivoire ou caramel doré, si caractéristiques de la saison. Johannes Itten, avec son cercle chromatique, l’a prouvé : les couleurs froides (bleu ardoise, rose bleuté) absorbent la lumière, accentuent les ombres, et fatiguent le visage.
La palette de couleurs de l’automne s’appuie sur des tons chauds et sourds. Beige, ambre, moutarde, chocolat, corail, vert olive : ces couleurs dialoguent avec la lumière rousse de la saison, soulignent le teint. À l’opposé, un blanc éclatant ou un noir profond brisent l’harmonie entre peau, cheveux et yeux. Résultat : traits tirés, cernes qui se creusent, expression plus dure.
Pour faire le bon choix, il faut prendre le temps d’observer la réaction du teint face à une couleur. Ceux et celles qui se retrouvent dans la palette « automne » bénéficient d’une connivence naturelle avec les matières brutes et des dégradés proches. La sélection des teintes se fait sur-mesure, patiemment, en s’appuyant autant sur la science des couleurs que sur le ressenti devant le miroir.
Pour se repérer, voici une synthèse des couleurs à éviter et de celles qui valorisent le mieux les profils automnaux :
- À bannir : blanc pur, noir, gris acier, bleu ardoise, rose bleuté
- À privilégier : beige, ambre, moutarde, chocolat, corail, brique, turquoise, vert olive
L’automne invite à rechercher un équilibre délicat entre chaleur et douceur. Une bonne association de couleurs révèle l’éclat de chacun, sans artifices.
Comment découvrir sa palette idéale pour la saison
Comprendre la colorimétrie : ce n’est pas une affaire d’intuition, mais de méthode. La palette de couleurs la plus juste se construit en tenant compte de trois critères : teint, couleur des cheveux, couleur des yeux. Suzanne Caygill a ouvert la voie il y a plusieurs décennies, Johannes Itten a structuré la théorie, Carole Jackson l’a rendue populaire. L’approche par saisons, printemps, été, automne, hiver, reste une référence, même si le système des douze saisons offre une lecture plus fine.
Le test du draping s’est imposé en conseil en image. Il suffit de placer différentes étoffes sous le visage et d’observer : le teint rayonne-t-il, ou devient-il terne ? Les cernes s’estompent-ils ? Cette pratique concrète, bien plus que les explications théoriques, permet de repérer ses harmonies naturelles. Pour l’automne, miser sur des couleurs chaudes, sourdes, inspirées de la nature (ambre, brique, chocolat, corail) donne les meilleurs résultats.
Mais la couleur seule ne fait pas tout. La morphologie et le style vestimentaire jouent aussi leur rôle. Les silhouettes en A gagnent à porter des teintes claires près du visage, tandis que les morphologies en V cherchent à nuancer les épaules. Composer sa garde-robe, c’est comme peindre un tableau : il s’agit de trouver la justesse, de suivre la lumière de la saison. Les couleurs choisies doivent refléter la personnalité et s’adapter aussi bien à la vie professionnelle qu’aux moments plus informels.
Les pièges classiques : ces couleurs à éviter pour un look harmonieux
La tentation du noir ou du blanc éclatant est tenace dès que l’automne s’installe. Ces deux choix, omniprésents dans bien des penderies, desservent les teints de la saison. Le noir durcit les traits et accentue les ombres, le blanc froid donne un aspect artificiel aux peaux miel, beige ou caramel doré. Miser sur des tons ambrés, des beiges chauds, du corail ou du chocolat permet d’adoucir les contrastes et de donner bonne mine.
Les couleurs froides, gris acier, bleu ardoise, rose bleuté, ne trouvent pas vraiment leur place dans la palette automnale. Parfaites pour les profils hiver ou été, elles éteignent la lumière du visage et créent un effet peu naturel. Privilégier les associations de couleurs chaudes entre elles, comme moutarde et vert olive ou brique et turquoise, permet d’obtenir un résultat cohérent, tout en subtilité.
Autre piège récurrent : accumuler couleurs vives et motifs dans la même tenue, ou juxtaposer des teintes trop similaires, par exemple un rouge violacé et un orange franc. Pour préserver une harmonie visuelle, il vaut mieux limiter le nombre de couleurs, choisir quelques accessoires dans des tons naturels, et veiller à l’équilibre d’ensemble.
Voici, pour s’y retrouver, les erreurs à éviter et les alternatives gagnantes pour une allure équilibrée :
- À éviter : noir, blanc pur, gris acier, bleu ardoise, rose bleuté
- À privilégier : beige, ambre, corail, chocolat, vert olive, brique, moutarde
La psychologie des couleurs s’invite, elle aussi, dans le vestiaire. Le rouge dynamise, le bleu inspire confiance, le vert suggère la stabilité. Mais à l’automne, mieux vaut miser sur la nuance plutôt que l’excès. Choisir sa garde-robe avec discernement, c’est la meilleure parade contre les faux pas stylistiques.
Changer sa façon d’associer les couleurs, c’est comme ouvrir une fenêtre sur une lumière nouvelle : le reflet dans le miroir s’en trouve transformé, l’envie d’oser prend le dessus, les habitudes se bousculent. L’automne pourrait bien devenir la saison où, enfin, on s’approprie la couleur sans se laisser piéger par les tendances éphémères.


